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L'hopital, la charité et le Japon
13 novembre 2006

Chapitre 1 : La place du Gaijin

Ou comment les étrangers sont considérés au Japon.

Je tiens d'abord a prendre des pincettes et a diviser "en gros" le traitement accorde aux étrangers par 2, selon l'origine des étrangers. Ceux qui vivent au Japon savent je pense que ce n'est pas une chose simple.

Tout d'abord, il y a les étrangers proches, les asiatiques. Ce sont en majorité des chinois et des coréens, qui ont étudies longuement le japonais et qui le maîtrisent presque parfaitement. Ils sont parfaitement adaptes a la vie japonaise, trouvent assez aisément du travail et ne posent aucuns problèmes. Ils sont les bienvenus, sauf peut être pour certains aigris nationalistes.
Ensuite, il y a les autres, tout le reste, les européens, américains, africains etc. Tout ce qui n'est pas asiatique. Leur traitement varie énormément selon les origines : c'est triste a dire mais les français seront mieux traites que les africains. Je ne suis pas assez renseigne sur le pourquoi du comment de ce fait, donc je ne m'y attarderai pas. Ce qui ne change pas, vis-à-vis de comment on traite tous ces étrangers, c'est par rapport a leur capacité a parler et a comprendre la culture japonaise.

Et c'est la qu'est une grande partie du problème : pour les japonais, on ne parle pas japonais. Ou presque pas. Il suffit de dire bonjour pour se voir complimenter grassement. Je ne supporte pas du tout ça. A quoi ça sert d'étudier des années leur langue pour se faire féliciter sur si peu de choses. Ça ne s'arrête pas la : on est des bouffons pour eux, des clowns des qu'on s'essaie a leur langue. On peut leur parler parfaitement, ça ne changera rien. On est un peu comme des chiens savants. Il n'est d'ailleurs pas rare de voir a la télévision des gens rires en voyant des étrangers parlant japonais. Quand je suis invite a des soirées a l'izakaya, on me demande TOUJOURS de faire un discours -ou de faire mon show, c'est comme vous voulez. Je m'exécute donc, un peu oblige, et quoi que je dise, les gens esquissent un petit sourire en coin. Je ne pense pas être parano, d'autres étrangers m'ont fait part d'expériences identiques.

Après, les étrangers non-asiatiques sont souvent considères comme des touristes. Les japonais les imaginent difficilement vivre au Japon. L'accueil est d'ailleurs complètement diffèrent entre un touriste et quelqu'un vivant là-bas. Il découle de ce fait beaucoup de choses : le peu de types de boulots disponibles pour nous-autres, limites aux profs et a la traduction, une relative froideur et le fait d'être sous-estimes pour nos manques (existants ou non) linguistiques et socio-culturels. D'où problèmes d'adaptation. Que faire alors dans ces cas-la ? Faut-il mieux privilégier une adaptation forcée (autrement dit "devenir japonais") ou chercher a préserver son identité d'étranger ? C'est la question que je me pose en ce moment. D'un cote, pour être bien reconnu par les japonais, il faut un certain niveau linguistique et de connaissances culturelles. D'un autre, hors de question de renier mes origines, et toutes ces petites choses de la vie de tous les jours auxquels je suis habitue depuis tout petit, sans compter ma capacité a m'exprimer librement et a dire ce que je pense. Ce qui nous amène a une autre difficulté dans par exemple l'entrée dans le monde du travail. Un embaucheur va préférer quel profil ? Un japonais malléable et sans esprit d'initiative, qui ne contredira jamais son chef et qui fera ce qu'on lui dit, tout en se voyant miroiter un espoir de promotion ? Ou bien, un étranger, avec des références culturelles totalement différentes, qui ne parlent pas parfaitement japonais et qui ouvrira sa gueule des que quelque chose ne lui convient pas ? Le choix est assez vite fait.

Je ne fais bien sur que dire des généralités. Il y a bien évidemment (et heureusement encore) des gens ouverts au Japon, même si on s'en rend difficilement compte lorsqu'on se croit être une victime...
Que ceux qui veulent a tout prix vivre au Japon prennent garde a mes conseils. Si vous voyez la vie en rose des qu'on vous parle du Japon, sachez qu'outre-mer les gens ne pensent pas forcement la même chose de la France et des français, ou des étrangers en général. Sachez que l'adaptation sera de toute façon difficile et qu'il faudra lutter bec et ongles pour ne pas passer pour un touriste illettré.
La messe est dite.

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